
Mascarade et Démocratie
Au printemps 2018, l’édito sur la crise des Pouvoirs institutionnels, qui a été publié par l’Institut PRESAJE, alors qu’E. MACRON savourait son bonheur et ignorait encore les « Gilets jaunes », annonçait déjà « Quatre déséquilibres institutionnels provoquent une situation d’instabilité et de doute à laquelle les réformes entreprises devraient remédier, avec du temps, et beaucoup de pédagogie ».
- Le taux d’abstention aux élections,
- La présence des partis extrémistes dans les scrutins et les médias,
- La personnalisation du pouvoir présidentiel,
- La fracture qui sépare Paris des territoires.
Face à cette dérive, les réformes engagées éviteront-elles le divorce Nation-institutions ?
En fait, tous ces ennuis ont été au rendez vous électoral de juin 2021 et les français s’en sont sortis en évitant la séduction des pitres et des jongleurs dénoncés dans la fable sur l’aveugle et les saltimbanques, qui figure dans :
« Les Rois prodigues » en cours de parution
L’acte 2 se jouera en 2022 lors de l’élection du Président qui a perdu sa République, phénomène répétitif depuis 2 siècles.
Le temps des mascarades
Depuis des siècles, les mascarades agitent les frayeurs des Françaises et des Français. La Fontaine y fit allusion en s’adressant aux législateurs et autres ambassadeurs en les invitant à tomber les masques.
Depuis 40 ans les mascarades qui orientent l’opinion publique fabriquée par la société du spectacle, se sont multipliées, en prenant soin que les masques utilisés soient suffisamment hideux pour faire vivre les citoyens dans le film « la Cité de la l’indicible peur, de Jean Pierre MOCKY ».
Quand le citoyen électeur a compris, en 2021, que le spectacle politique allait échanger la peur du virus qui l’avait enfermé chez lui par celle du populisme qui l’enfermerait dans un seul choix électoral, le macronisme, il a cessé de participer à la mascarade et renversé la table avec les urnes.
C’était prévisible dans un pays attaché à l’esprit républicain, que je partage, en rejetant autant le populisme construit sur les débris du pétainisme, que le gauchisme construit sur ceux du trotskysme.
Le Président négociant voyageur
Ce fut le dur métier des paysans auvergnats chers au Président Chirac.
Emmanuel MACRON, jeune, intelligent, cultivé est au tout début d’une carrière internationale qu’il cherche à construire. Ce n’est pas cet avenir qui justifiera quelques mascarades. C’est la fin de sa carrière nationale qui l’y conduit.
Il lui faut donc réussir la sortie, se faire réélire quitte à dégager en cours de second mandat, comme l’a fait Patrice de Mac Mahon, en sauvant son avenue vers l’Arc de Triomphe.
Il lui faut faire face à ces jeunes concurrents issus de ce mouvement républicain qu’il croyait avoir « oblitéré », en 2017, et qui reste bien vivant comme le canard du fantaisiste Robert Lamoureux, dans les années 50.
Plus que jamais il faut séduire en parcourant la France. Ce qu’il a entrepris avec la Reine Brigitte, comme le fit, avec la Reine Catherine, au milieu du 16ème siècle, le Chancelier Michel de l’Hôpital, le créateur de l’Etat à la française.
La royauté était en lambeaux, le pays démembré par les guerres entre religions, il fallait oser une création étatique. Le Chancelier en a été récompensé en siégeant à coté de Colbert, devant le Palais Bourbon, sans risquer les tags de la Cancel Culture.
Je ne connais pas plus Emmanuel Macron, mais comme il a l’âge de l’ainée de mes petites-filles, je me permets de lui recommander la lecture de mon entretien imaginaire avec le Chancelier de l’époque, diffusé il y a une quinzaine d’années dans l’Echo des arènes (à l’époque journal papier) sur l’état de notre Etat, et, déjà, la situation de ces grands corps que notre Président bouscule.
Le Citoyen indocile et le Président
Au printemps 2022 les citoyens vont élire un président aux pieds nus, privé qu’il serait du confort des solides « godillot », dans une assemblée qui tenterait de reprendre la main sur l’action politique après l’avoir perdue durant 63 ans.
Ce sera convulsif. Il faudra expliquer comment le Pays s’est enfermé dans cette impasse pendant si longtemps et comment il pourra en sortir.
La bonne pédagogie reposera sur les expériences vécues, à long terme, porteuses de réflexions à moyen terme.
Elle est en cours pour être disponible avant les 2 élections du printemps 2022.
Trois mots pour terminer.
Les masques vont tomber, tant mieux. La liberté revient avec le risque de voir réapparaitre le couteau entre les dents bien plus inquiétant que le masque sur le nez.
« L’élection piège à cons » de 1968 est devenue « l’abstention piège à Macron » de 2021.
Félicitations aux commentateurs qui déversent des torrents d’explications sur ce que pense l’abstentionniste qui, lui, n’en donne aucune.
Michel ROUGER

