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Être Français

Il y a pile soixante-quinze ans, Maman m’a annoncé la mort de mon père en me disant que je devais me débrouiller tout seul en l’aidant à élever mon frère. Ce fut une brutale entrée dans la vie !

Soixante-quinze ans plus tard, j’ai décidé de m’adresser à vous pour vous faire part des interrogations que je me pose, pas seul, sur l’avenir de notre société au sein de laquelle j’avais exprimé, il y a vingt ans, mon dédit de rester citoyen Français.

La réponse à ces interrogations, oblige à la recherche de cette identité Française, qui est au cœur du débat national actuel, à laquelle je cherche à rattacher ma propre identité.

Il m’a semblé que les débats en cours, entre les citoyens Français, peuvent se nourrir de l’expérience que je porte en moi après avoir vécu quatre-vingt-cinq années d’une citoyenneté consciente, d’abord dix ans sur la société, puis soixante-quinze sur les réalités de la vie.

En laissant chacun apprécier mes réflexions, je précise quel cadre identitaire les inspire.

Les hasards d’une longue vie m’ont fait prendre quatre identités, trois citoyennes et culturelles, plus une identité familiale composite.

Je passe vite sur l’identité familiale. Elle est le produit du mélange opéré, au cours de soixante-dix années de vie commune, entre la culture saintongeaise, de l’extrême ouest de l’Europe et celle de l’extrême est, la Poméranie polonaise.

Mélange fortement brassé au cours de quarante années de voyages, dans quarante pays, aux enseignements plus géopolitiques qu’aux agréments touristiques.

Cette nouvelle ouverture vers le monde, après celle de 1934-1944, a permis de comprendre, entre autres, les fondements des guerres et des querelles religieuses, qui ont ensanglanté la France, et la Pologne, où vivent les trois religions du livre.

L’identité familiale, ainsi créée, a conduit à respecter, chez l’autre, sa religion, sa foi, ses engagements politiques ou philosophiques, sans pour autant les partager. Agir autrement aliénerait la chère liberté.

Les trois identités citoyennes

  1. L’identité rurale à laquelle je rattache mes réflexions s’est construite pendant les années 1930-1950, au sein d’une petite ville de Saintonge dans laquelle j’ai appris et vécu, très jeune, une citoyenne consciente. J’observe que cette identité est largement partagée par mes concitoyens de la ruralité, devenue « Territoires »
  2. L’identité des cités banlieusardes du fameux 9-3, vécue pendant les années 1960-1970, identité perdue, tant ces cités, au béton sans âme, ont vu leurs populations, comme leurs cultures, renouvelées. Je me suis éloigné de ces nouvelles identités sans oublier ce qu’elles m’ont apporté.
  3. L’identité Euro métropolitaine, vécue depuis trente-cinq ans à Paris, au sein d’un creuset culturel dans lequel la citoyenneté est secondaire, derrière la nationalité affirmée par des créations culturelles et intellectuelle de grande valeurs, et des puissances économiques qui classent le pays au 6/7ème rang mondial.

Identité citoyenne qui peine à trouver sa place dans l’hyper étatisme de la société de providence.

Je parle avec ma langue naturelle, celles des « territoires », ni avec celle de mon passage dans les cités, ni avec ma langue d’adoption, la parisienne.

Les Euro métropolitains sont assez grands pour le faire, d’autant qu’ils tiennent les leviers du Pouvoir.

Je suis conscient que le tribunal de la nature m’a accordé, à quatre-vingt-onze ans, le sursis dont je ne sais pas s’il s’exprimera en mois ou en années. Je ferai avec !

Je sais que rester Français suppose d’être très impatient quand il s’agit d’obtenir satisfaction et très lents pour engager toute évolution. C’est ainsi !

Passons à mon identité et à ses trois composantes.

Le devoir de liberté.

Il n’y a pas de citoyenneté sans liberté. Les expériences que j’ai faites depuis quatre-vingt-cinq ans, dix ans d’apprentissage de la vie en société et soixante-quinze ans dans la vie active, bénévole ou professionnelle, m’ont vu tout le temps, lutter pour la liberté. Dans l’action, pas dans la pétition dénonciatrice ou charitable.

Que ceux qui ont connu les temps de guerre et l’occupation se souviennent. Que les jeunes Euros métropolitains, qui ont la charge d’organiser le pouvoir d’État, veuillent bien imaginer ce que fut la perte de toutes les libertés, en quelques jours lorsque l’État s’est effondré, si fort se soit il cru.

Chacun comprendra à quel point les libertés toujours menacées, méritent d’être défendues, quelles que soient la forme et les motivations des liberticides, présents partout.

Chaque citoyen a le devoir de les combattre, grâce à sa culture et à son attachement à la liberté, deux mots détournés de leur expression humaine par le nazi Goebbels « quand j’entends le mot culture je sors mon révolver » et le SS Himmler qui a fait écrire sur le portail du camp d’extermination d’Auschwitz « le travail c’est la liberté ».

Conclusion si le citoyen ne se bat pas toute sa vie pour la liberté, il devient un simple sujet, y compris dans le système étatique doucereux qui tend à le transformer en assujetti au règlement qui contraint plus qu’à la Loi qui libère.

Le devoir de responsabilité.

C’est à l’évidence, l’effondrement de ce sens du devoir de responsabilité, au sein du régime républicain Français, depuis une quarantaine d’années, qui a provoqué les dérives accumulées.

Le summum a été atteint lorsque le principe de précaution a été monté au niveau de la constitution pour mieux accabler les citoyens décideurs du bas de l’échelle, au sein des territoires, afin de mieux exonérer de leurs responsabilités, ceux qui étaient installés au-dessus d’eux.

Ce fut la grande victoire de l’État politicien issu de cabinets anonymes, sur les simples citoyens élus du suffrage universel ou bénévoles du monde associatif

Tant que le devoir de responsabilité des structures étatiques ne sera pas rétabli, le citoyen ne se réconciliera pas avec l’État et ceux qui l’incarnent.

Le moment approche où les citoyens poseront la question de cette juridiction, qui au nom de la raison d’état, permet à l’État de se juger lui-même.

Le devoir de rétablir un Droit citoyen.

Il ne sert à rien d’être un citoyen libre qui respecte ses devoirs de responsabilité, si cette citoyenneté ne peut pas être vécue dans le cadre d’un État de Droit à l’élaboration duquel elle a participé.

J’aborderai largement cette question par des réflexions et propositions concrètes ultérieures.

Comment peut-on considérer vivre l’équilibre des pouvoirs institutionnels, exécutifs, législatifs et judiciaires, quand l’État politicien, installé il y a quarante-cinq ans, a confisqué le droit pour le remplacer par des torrents de règlements ?

Règlements parisiens, ajoutés aux directives bruxelloises, dont l’application a été confiée à des dizaines d’autorités, dites administratives et indépendantes, extérieures au suffrage universel, dont les élus sont, de fait, tenus à l’écart.

Un mot sur l’État politicien. J’y reviendrai. Il est né, en 1974, le jour ou un grand administrateur désigné par son diplôme pour administrer l’État, a confondu sa fonction avec celle du Politique choisi par le suffrage universel pour diriger et contrôler l’État.

C’était supportable durant un seul septennat. Ce ne l’est plus depuis la création de la dynastie qui entretient la confusion, au point que trois de ces dynastes, sur cinq, auront occupé le poste pendant vingt-deux ans sur les vingt-sept écoulées entre 1995 et 2022.

C’est ce qu’on appelle, pudiquement, aujourd’hui, le malaise de la société Français qui a perdu le respect dont elle a besoin, pour éviter que les citoyens méprisent la démocratie.

Ce malaise a ouvert les portes de la grande maison citoyenne aux experts de tous poils dont les savoirs juridiques, économiques, sociétaux, culturels, et politiques, permettent de faire vivre, dans les grands médias, les projets de réformes qui ne se réalisent jamais par la faiblesse des pouvoirs politiques gravement minoritaires, vite usés au bout d’un an.

Chacun comprendra que je me sois tu pendant vingt ans et que j’utilise, le moment enfin venu, une voix autonome au cours des deux années qui viennent.

Y compris pour défendre le Droit auquel j’ai tant apporté d’actions et de réflexions, gratuitement, en trente-cinq ans,1980-2015.

Ce deuxième texte sur l’identité personnelle et Française est écrit au lendemain du quarante-cinquième samedi consécutif consacré aux rébellions hebdomadaires.

Je plonge dans les notes éditées après la présidentielle de 2002 sur « la France rebelle » pour actualiser mes prochaines réflexions.

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