A la Une

VIVE LA RÉPUBLIQUE. LAQUELLE ?

L’essai qui va être publié début juin répond à cette question.

Le texte est inhabituel. Il mélange les réflexions imposées par tout ouvrage de ce type, avec les récits qui en illustrent les origines. Ces récits sont essentiels pour la bonne compréhension des événements que j’ai vécu depuis 1934. Cette chronique synthétise les réflexions que ces 85 années de vie citoyenne m’ont inspirées.

Le Peuple Français est, depuis deux siècles, à la recherche de la République idéale, au risque de se laisser aller vers des dirigeants qui le maltraitent, contre lesquels il se révolte.

C’est ainsi que tous les régimes antérieurs à la cinquième République sont morts. J’ai anticipé celle de la cinquième en attendant que le Peuple prenne conscience de sa maltraitance. Nous y sommes !

Les relations Parents – Enfants

Tout être humain découvre le Pouvoir en regardant vivre ses parents. Qu’ils soient créateurs biologiques ou d’autres origines. Lorsque ce pouvoir parental se délite, l’enfant qui observe est conduit à s’éloigner, à décrocher. Ce sera la révélation incidente de la réclusion génératrice de conflits imposée au printemps 2020.

Après avoir vécu cette situation à la fin des années 1930, suivie de la catastrophe nationale, j’ai décroché de mes parents et de l’école en 1943. Ce décrochage, avant le concept, ne m’a pas empêché de travailler pendant 77 ans et de vivre un parcours intéressant. Devenu citoyen officiel, votant pour la première fois en 1951, j’ai vu s’installer les conflits entre les Français, et leur éloignement progressif de la vie démocratique.

La situation créée en 2017 annonçait, à mes yeux, l’évolution évoquée dans le livre et justifiait les évolutions proposées aux débats.

Elles demanderont beaucoup de temps, probablement la totalité de la décennie 2020.

Les relations entre les Peuples

Les récits évoqués ci-dessus permettent d’accéder, au sujet déterminant, celui des peuples d’Europe qui ont partagé, avec le peuple français, les conséquences monstrueuses de la guerre. Le général De Gaulle et François Mitterrand qui étaient deux hommes de cette guerre, dans laquelle je ne fus qu’un jeune citoyen égaré, ont chacun vécu les événements de 1945 dont j’ai compris le sens.

La France sauvée par le général s’est retrouvée dans le camp des vainqueurs et a réussi à trouver sa place dans les grands organismes qui leurs étaient réservés.

Les Français se sont retrouvés dans le camp des vaincus, avec l’Allemagne, l’État Français qui l’avait soutenu en collaborant avec elle, a été puni comme elle.

Pour préparer la guerre froide et ses futurs conflits géo stratégiques, les Russes ont exigé, eu égard à leur énorme sacrifice humain, que le peuple allemand soit amputé d’une grande partie de son territoire pour élargir le glacis dont l’Union soviétique avait besoin.

Les Français ont été punis en se voyant imposer un modèle soviétiforme d’organisation de son État, au sein de son secteur public. C’était une extension du glacis protecteur, garantissant l’entretien de la foi collectiviste qui dominait le Peuple Russe.

Cette punition servirait à bloquer tout risque de conversion des Français au libéralisme.

Le général de Gaulle qui rêvait d’installer son pouvoir sur des Français qu’il traitait de veaux, a accepté cette punition car, lui-même, et son mouvement de la France libre, reconnaissaient  l’aide précieuse du mouvement communiste.

C’était justice, le prix payé, par le parti des fusillés, à la défense de l’honneur des Français. Il aurait fallu l’expliquer plutôt que faire croire aux Français qu’ils avaient gagné la guerre. L’addition arrive, elle devra être payée dans les années 2020.

François Mitterrand, qui avait vécu la même histoire, partagée entre Vichy et la Résistance, a cru résoudre le problème d’insurrection larvée qui existait au sein des services publics depuis les grèves de 1947 liées au début de la guerre froide Russo-Américaine.

Il est vrai que l’objectif de l’Union Soviétique était de disposer d’un point de fixation destinée à affaiblir un pays sous influence anglo-saxonne.

C’était de bonne guerre ! Sauf pour les Français.

Déstabilisé par la maladie, il n’a pu faire que la moitié du chemin. Il aurait dû modifier les institutions, les missions des services publics et de tous les régimes qui leur étaient attachés. Il s’est contenté du déclassement du mouvement communiste en l’associant au pouvoir, sans voir que le système soviétique allait s’effondrer de lui-même à bref délai.

Le monarchisme dirigiste et technocratique

En 1986, bien installé au pouvoir grâce à la constitution monarchiste dont il avait hérité, François Mitterrand a subi l’échec électoral de la déconfiture de sa tentative de collectivisation 1982-1984.

Il n’a pas respecté l’esprit de la constitution, il a conservé le pouvoir. Il s’est entendu avec les grands administrateurs que son prédécesseur, Valéry Giscard d’Estaing avait installés à la tête des mouvements politiques d’opposition. Interrogé en 2000, à Pékin, alors que je l’accompagnais en mission, l’intéressé a répondu « Chirac, il a mal digéré l’enseignement marxiste que nous avons reçu à l’ÉNA »

Ensemble, ils ont créé ce système de Dyarchie, unique en démocratie, tel que décrit dans le livre, qui confie la direction du pays aux dirigistes d’esprit technocratique, qui fait semblant de satisfaire les besoins en étant incapable de donner les moyens. Les soignants de 2020, et les malades sauvés s’en souviendront.

Soit à Matignon soit à l’Élysée, le système a perduré jusqu’à nos jours saufs la parenthèse 2007-2012 au cours de laquelle les bastions de l’État ont échappé à la Sainte École.

Ce modèle dirigiste a pour caractéristique de se protéger de toute responsabilité en laissant agir une administration bureaucratique à tendance Courtelinesque. Elle est spécialisée dans l’hyper Normalisation, le Retard, et la Non Réponse, qui permettent de bloquer les décisions qui lui déplaisent.

En outre, ce dirigisme a pu abriter ses fidèles serviteurs au sein de centaines d’Agences,  d’Autorités, d’Institutions et de Conseils, qui servent de paravents aux décisions que les dirigistes prennent. C’est, à nouveau, le modèle de la Santé !

Ce système exige, pour rester viable, que cette Dyarchie conserve un soutien majoritaire du Peuple. Ce n’est plus le cas depuis l’élection présidentielle de 2012.

L’autoritarisme Parisien

Le phénomène dirigiste a été rapidement accompagné d’une évolution de la Ville de Paris instituée capitale de la France, avec beaucoup de peine, par la longue dynastie des Capétiens.

Après le divorce entre les deux premiers Dyarques de la cinquième République en 1976, Paris  est devenue, autant dans son électorat que dans son administration, le Bastion à partir duquel serait engagée la conquête du territoire Élyséen.

Cette dénaturation de la Capitale a imposé une forte concentration, sur Paris, des lieux de décisions du dirigisme, devenu alternatif entre les mouvements politiques balayés en 2017.

Le reste de la France a réussi tant bien que mal à conserver une représentation des territoires par le Sénat, lui-même transformé en Bunker résistant.

Ces 30 ans de dirigisme technocratique parisien ont appliqué aux Français la punition qui leur avait été infligée en 1945, en jouant avec la terreur qu’inspirait le retour des mouvements politiques issus de la guerre froide, qu’ils discréditaient afin de mieux conserver leurs pouvoirs. Cela a réussi de 1986 à 2020.

Alors que le Peuple allemand en avait été libéré en 1990. Il ne faut pas chercher ailleurs l’origine du déclassement qu’a connu le pays, aggravé par les dérives de l’État.

Et maintenant et demain

Le livre annoncé a été écrit et confié à l’éditeur avant la pandémie. Il a été livré le jour du déconfinement, sans rien changer au texte initial.

L’écroulement de l’Hôpital public était pronostiqué depuis des années par tous les « sachants ». C’est un miracle qu’il ait tenu dans son délabrement grâce aux soignants qu’on ne remerciera jamais assez, si possible autrement qu’avec des colifichets.

Aujourd’hui, on connait les conséquences que par un tsunami de statistiques comme au temps où Staline disait « un mort c’est une tragédie un million de morts une statistique »

Tout le sociétal, politique compris reste à venir.

Quant aux causes, elles restent à découvrir en agitant les débats politiques et sociétaux des années 2020.

Restent 4 exigences :

  • L’exigence du retour de la démocratie après plus de 30 ans de dirigisme technocratique parisien centralisateur.
  • L’exigence d’offrir aux femmes leur place au plus haut niveau des nouvelles institutions.
  • L’exigence de rénovation du rôle de l’État au sein des institutions.
  • L’exigence d’une restructuration de la capitale de la France, Paris, dont le rôle a été dénaturé après appropriation par la technocratie centralisatrice.

Il se trouve que les propositions mises à l’étude dans le livre correspondaient à ces 4 exigences.

Souhaitons qu’elles se traitent dans le débat, pas trop dans les combats.

C’est pour cela que j’ai fait le choix d’apporter une voix de sagesse, une somme d’expériences originales et de très longues réflexions sur le lent déclin de la France.

Cette nation, pour laquelle j’ai décidé de rester Français, il y a 20 ans, s’y est engagée, depuis le milieu des années 1930, au cours desquelles j’ai acquis ma conscience citoyenne.

Et la mémoire qui éclaire mes 92 années instructives faites de rêves et de cauchemars.

Leave a Reply

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *